(dans Sagesse).
Ainsi Albarracin, dans toute une séquence :
L'être est sans origi//ne ni raison ni cause
Les choses sont simple//ment parce qu'elles sont.
Nos salives n'usons,// rien ne sert
qu'on en cause.
Et pourtant on scrutait,// c'était plus
fort que nous.
[…]
Adossés au château,// on regardait la
terre.
Regardez comme la// moindre courbe secrète
Une interrogation,// le moindre pli de rien.
Ce qui se love là// est toute notre quête. (v. 850-859)
Oh le *ne ni raison ni
cause du vers 850, forcé dans sa diction par ses voisins, ou le *Regardez comme la (v. 857) ! Oh les
belles bleues, oh les belles rouges !
Et ça ne veut pas ne rien dire.
Alors, ensuite, on peut obliger l'alexandrin à sortir de sa
superbe, on peut lui faire ordonner les assauts héroïcomiques de nos copains et
copines :
—
Sus aux fachos, aux flics, aux profs et aux
curés !
[…]
Bériou
et Prieto, spécialement furieux
Ne décoléraient pas
dans leur folie guerrière
[…]
Les filles se déme//naient : Ana Orozco
Frappait les corps de
son// épinette des Vosges.
[…] (v. 970-1010)
Sous la torture, on peut même le faire proférer des vérités
ou des incongruités : des insignifiances, ou des absurdités, ou des
trivialités ou même parfois des inconvenances :
On compte sur ses doigts// pour trouver le bonheur
Dès lors qu'un pied, à dou//ze, vous fait une fleur
En tombant pile dans// son caoutchouc, alors
Qu'il aurait pu tomber// sur un alligator.
Mince il en faut de la// chance et des coups de bol
Quand on va dans le po//ème et dans
l'hyperbole.
L'aventure rési//de à tous les coins
des mots. (v. 165-171)
Mais attention ! S'il est simplement compté douze sur les doigts et
privé de sa respiration, fût-il attesté par la rime l'alexandrin qui dansait
encore tombe KO dans sa cage. Raide mort, il nous laisse sa peau, invendable.
Peut-être pour l'éprouver au mieux faudrait-il affronter l'alexandrin à
ses congénères : le décasyllabe de La
Chanson de Roland qu'il a supplanté comme vers national, ou l'octosyllabe
son rival poids moyen, ou le petit vers épique de 7 syllabes, ce poids léger
insolent, prêt à leur voler à tous dans les plumes
.
Combats de fauves ou de coqs ? Mais cela porterait d'autres significations
et serait une autre paire de manches.