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Nicole Laurent-Catrice : Quatre poèmes.

Nicole Laurent-Catrice, née dans le Nord, études à Paris, vit en Bretagne depuis près de cinquante ans.
Elle a publié une douzaine de livres de poèmes, dont quatre en Belgique à L'Arbre à Paroles : Métacuisine, Table et retable, Corps perdu, La Part du feu, puis plus récemment Cairn pour ma mère aux éditions La Part Commune et des livres d'artistes avec les plasticiennes Isabelle Dubrul, Marie-France Missir et Claire Chauveau.
Traductrice de poésie, elle a publié aussi dix recueils de poètes de pays divers, soit en collaboration (du lituanien, du roumain, du bulgare, du hongrois, de l'anglais d'Irlande) soit seule, de l'espagnol.

Son dernier recueil publié : Un front de feuilles, éditions La Part commune, 2016.
Nous remercions Nicole Laurent-Catrice et les éditions La Part commune de nous avoir autorisé à reprendre ici quatre poèmes extraits de ce recueil.

Par ailleurs, on trouvera sur ce site une anthologie de ses publications précédentes et le texte d'une intervention sur la poésie.

© : Nicole Laurent-Catrice et les Éditions La Part commune

Mise en ligne le 15 mai 2016.

nicole  Nicole Laurent-Catrice, Un front de feuilles, La Part commune, 2016.


Quatre poèmes

Un enfant germe en nous

il veut sortir

des eaux troubles

de la plus longue nuit.

Il est petit, perdu

mais bientôt le jour va grandir

tirer ses mains de feuilles

son cou de tige

fleur crucifère

qui s'ouvre à la lumière

et va vaincre la mort

avec ses épines.

 

*

 

nuages

 

Ils courent, ils courent,

chariots de foin, choux crémeux, gorges d'effraie

chercheurs de feu, chastes fumées.

Ils courent, ils courent

chevaux échappés de quelque lointain horizon

ils s'échevellent, écharpes effilochées

qui glissent dansantes et grises

comme des crinières courroucées.

Ils courent, ils courent

et bientôt disparaissent

là-bas derrière les arbres, derrière les berges

derrière les rêves.

 

*

 

Un jour tu nous visiteras

et les jardins fleuriront

de grains que nous n'avons semés.

Nous n'aurons pas cueilli

le jasmin pour t'embaumer

car déjà nous serons ailleurs.

Il suffira que nous ayons mis en terre

cette part de nous-mêmes

dont nous ne savions pas

si c'était pour vivre ou pour mourir.

 

*

 

Les peupliers refusent de mourir.

Le bûcheron est passé

mais leurs racines vivent encore

et repoussent tout le long de leur parcours

rejetons qui veulent venger l'aïeul

et crient qu'il était là

qu'il a vécu haut et fier

et que eux-mêmes un jour…

 

Nicole Laurent-Catrice

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