RETOUR : Contributions à la théorie de la littérature
Nathalie Riou : « Se pencher sur l'obscur : la poésie de René Char ». Introduction d'une thèse soutenue le 24 juin 2008 à l'université de Nantes et reçue avec la mention Très honorable. Nathalie Riou est professeur agrégée de Lettres Modernes au lycée Jean Macé de Rennes. Texte mis en ligne le 2 septembre 2008. © : Nathalie Riou. Se pencher sur l'obscurLa poésie de René CharJe me tenais penché, à mon corps et à mon esprit défendant, comme on se tient au bord d'une haute fenêtre sans pouvoir s'en détacher, à l'écoute de l'interlocuteur : cette souffrance a duré toute ma vie[1]. Poésie et obscur Face à l'obscur, il y aurait deux lecteurs. Le premier porterait les « couleurs » de la France, d'une tradition littéraire du moins, telle que l'a instituée une part du dix-septième siècle, de Descartes à Boileau : Ce que l'on conçoit bien s'énonce
clairement.[2] À ce regard, comprendre tout de suite va de soi comme le bonheur. Aussi perçoit-il le fait de ne pas comprendre comme une violence : il rejette le livre. Le second lecteur ne pose pas comme préalable la clarté intellectuelle : il conçoit un plaisir autre en percevant des sentiments, de la beauté quand même… de ces choses qui n'ont pas un nom clair comme un concept. Fasciné jusqu'à l'hypnose, il perd la raison à proportion que le poème le pénètre. Cependant cette thèse posera qu'il devrait être possible de faire dialoguer ces deux lecteurs, que la raison et la fascination échangent afin d'ouvrir un autre espace qui ne soit ni transparence intellectuelle, ni aveuglement au poème, mais frontière entre la pensée et ce qui n'est pas que pensée. Face à ces deux lecteurs, on pourrait mettre en vis-à-vis deux figures de poètes obscurs. Le premier est un poète, au mieux inhabile, qui obscurcit bêtement, au pire malveillant, qui obscurcit volontairement, voulant sans doute faire passer le creux de sa pensée pour de la profondeur. Le second poète n'a pas choisi l'obscur, il est inspiré par quelque chose qui le dépasse : officiant laïc de la transcendance, il parle une parole d'ailleurs… Son obscur atteste de la vérité de ce dépassement. Cependant, là encore, je poserai qu'un autre poète est possible, entre conscience et « non-conscience », qu'un poète moderne écrit peut-être justement dans l'interrogation consciente sur ce qui n'est pas que conscience. L'objet de ce travail sera donc un obscur en poésie qui interroge la frontière entre la pensée et l'autre de la pensée – cet autre ayant à voir avec un obscur qui est en nous et au dehors, et qui est à dire. Mais il y a là une difficulté majeure car il apparaît infondé que du fond de l'athéisme un poème indique une obscure transcendance. L'athéisme tel qu'on peut le concevoir, à la lecture de quelques grandes œuvres poétiques du vingtième siècle et donc de René Char, peut cependant rencontrer l'optique de Lévinas pour qui la pensée de l'infini – pensée de l'athée aussi – est dépassée par l'infini qu'elle pense : en ce sens la pensée de la transcendance transcende la pensée. L'athée expérimente alors sous forme interrogative la transcendance comme ce qui le dépasse et qui n'a pas de nom. De la religion il garde le lien, lien désormais obscur. Le poète fait éclater les liens de ce
qu'il touche. Il n'enseigne pas la fin des liens[3]. Cette expérience de l'obscur appartient à chacun mais il y a une autre expérience dont parle Lévinas qui semble plus personnelle car fondée sur le désir : « Le Désir est une aspiration que le Désirable anime ; il naît à partir de son “objet”, il est révélation. Alors que le besoin est un vide de l'Âme, il part du sujet[4]. » Le retournement entre désirant et désiré fait la révélation : le désiré vient vers nous et, se révélant, révèle… Cette analyse peut éclairer le désir qui est au cœur de la poésie de Char mais d'où le besoin n'est pas exclu : le poème transforme plutôt le besoin en désir dans le maintien d'un « corps et âme », et ce désir est tel que la distinction même entre sujet et objet est troublée. Il y a dans les plus beaux passages de René Char qui interrogent le lien métaphysique, l'expression d'un désir très corporel qui donne sur un sens ou réversiblement l'expression d'un sens qui touche au corps… Le désir rencontrant l'obscur de cette terre, la terre est le point d'une infinie interrogation. Cette thèse a donc pour point de départ qu'un obscur en nous et au monde est à dire. Et elle a pour horizon de montrer que la poésie de Char n'indique ni une religion naturelle ni une religion révélée mais une interrogation naturelle, et quelquefois le temps d'un éclair une « révélation naturelle ». La parole lyrique de Char, à la jonction tendue du corps et de la pensée, du physique et de la métaphysique, interroge le désir comme lien entre le besoin et l'amour, entre le sujet et le monde. Et on verra au bout de cette recherche que la parole métaphorique de Char rencontre dans un « corps à corps et âme » le monde. On voit déjà que l'ambiguïté du mot « obscur » nous sera essentielle car il désigne à la fois une qualité physique et une qualité spirituelle. Et la poésie, qui est la parole la plus physique qui soit, semble la plus à même de dire cet autre de la pensée sans perdre pied. Commenter l'obscur On sait qu'un poème se suffit à lui-même, que le commentaire ne lui est pas nécessaire, que le plus souvent, en analysant, il le décompose cruellement… Or le poème obscur redouble la difficulté, car le commentaire non seulement dépèce forme et sens, mais il éclaire cela qui est essentiellement obscur, et dans la lumière de comprendre enfin, le poème est dissipé… Je l'aurais beaucoup aimé mais, on le devine sans doute, je n'ai pas trouvé de méthode qui éclaire en maintenant l'intensité de l'obscur. Cependant, je me suis donné quelques règles en relation avec ce double obstacle, que je voudrais annoncer dans cette introduction : je me suis donc engagée à mettre les analyses formelles, issues de la linguistique structurale, au second plan et au service d'une question globale afin de ne pas séparer la forme, le sens et la question du réel ; à éviter le vocabulaire technique ; à citer en donnant toujours la page d'origine, afin aussi de baliser l'évolution de l'œuvre au cours des soixante ans, en respectant au maximum l'intégrité du texte de Char, indiqué en caractères plus petits, avec un espace pour la prose et deux pour les vers ; à envisager régulièrement l'étude d'un poème entier ; à prendre au sérieux Char et non au sacré, ce qui fait aussi que je n'ai presque jamais parlé des poèmes qui ne me touchent pas ; à ne pas partir de la pensée d'un philosophe pour en chercher une application dans l'œuvre mais plutôt entendre des échanges à l'intérieur de l'œuvre ; à montrer que la pensée de Heidegger, à laquelle René Char rend hommage, peut autant aider à lire que la pensée de Merleau-Ponty, de Ricœur… considérant que le poème, en tant que vraie rencontre est ouvert à toute l'intelligence ; à signaler, en modalisant, le doute d'une interprétation ; à ne pas prendre la langue de Char ; et, j'en arrive à la plus difficile des règles de ce décalogue éphémère, à ne pas abuser des métaphores… considérant que le discours de la critique se tient dans l'identique et non dans le semblable. C'est pourquoi, j'ai beaucoup corrigé ce travers en gommant, à la relecture, les images mais il en reste… Non plus alors considérant mais souhaitant simplement que, s'il est vrai qu'une juste métaphore qui pense le monde peut être débordée par son contenu, et donc le monde, le commentaire imagé et juste d'un poème obscur puisse être débordé par le poème… Cet espoir contrebalancerait alors l'inéluctable maladresse du commentaire qui, éclairant bêtement, comme le pavé de l'ours, écrase la mouche ou l'obscur du poème. Mais c'est là, sans doute, un peu de prétention et il appartiendra au lecteur de juger de cette justesse, à savoir si cette lecture a enrichi le tissu du texte de René Char : La richesse d'un poème si elle doit s'évaluer au nombre des interprétations qu'il suscite, pour les ruiner bientôt, mais en les maintenant dans nos tissus, cette mesure est acceptable[5]. René Char et l'obscur Un mot de Jean Wahl, en 1958, rappelle que la poésie de Char n'est pas du goût de tous et qu'elle est parfois perçue comme un récif hautain et hermétique : « Nous sommes tombés en Char et Ponge. Je ne peux d'ailleurs pas les comparer. Je ne comprends pas Char[6]… » Aussi, une des plus intéressantes critiques sera celle qui défendra Char à partir justement de cette obscurité. Au sortir de la guerre, quand l'œuvre de Char devient célèbre, elle ressort d'autant plus que la production poétique vient de chanter les bons sentiments, liberté, fraternité… qui ont semblé faire bon marché du littéraire et comme profiter de la soif d'émotion. En 1945, un critique, Henri Hell écrira : « à l'encontre de cette poésie ouverte – ouverte à tous – M. Char a élaboré une poésie secrète, qui ne se laisse pénétrer que patiemment[7]. » Mais l'opposition entre clarté et obscurité n'a pas à voir avec la valeur : d'Aubigné et Scève se valent ; il y a une grande poésie de clarté, comme il y a sans doute une mauvaise poésie obscure. Ainsi l'argument n'a-t-il de poids que quantitatif, l'abondante poésie des bons et clairs sentiments mettant en relief la poésie obscure plus rare. Hell légitimera par ailleurs, plus profondément, cette obscurité en la rattachant aux présocratiques : contre l'engagement facile dans un aujourd'hui trop circonstanciel, avec la pensée des premiers penseurs de notre Occident. Cette légitimation par la tradition philosophique, sur quoi je reviendrai en évoquant Blanchot, est parallèle à celle de la tradition littéraire : ce sera un des lieux de défense de Paul Veyne qui rappelle l'évidente obscurité des poèmes grecs, des textes védiques…, de ces littératures qui creusent dans la langue commune, une langue à part, cryptée, à déchiffrer[8]. Mais le genre poétique comme idiolecte, comme partage formel dans la langue commune, ne va pas de soi dans notre littérature : il y a bien eu une rigoureuse versification, rompant la fluidité de la prose, et une tendance à élire une tribu de mots ; mais du romantisme au surréalisme, ces codes, relevant d'une convention et non d'un hermétisme initiatique, ont été balayés – « Le vierge, le vivace, et le bel aujourd'hui… » incarnant en quelque sorte le chant du cygne de cette langue dans la langue. Par ailleurs la tradition poétique est traversée par deux langages obscurs. C'est d'abord le langage alchimique, entre physique et métaphysique, sorte de salut des « temps obscurs » du Moyen Âge à notre modernité, quand science, conscience et foi se séparent. Jean-Claude Mathieu a décrypté les inscriptions alchimiques dans Le Marteau sans maître, montrant l'influence de Breton et comment Char a poursuivi Paracelse, Corneille Agrippa…[9] dans quelques poèmes de L'Action de la Justice est éteinte… L'un des motifs alchimiques les plus fréquents qu'il relève, la cendre, semble emblématique : le terme est polysémique – pour les initiés, résidu fécond du grand œuvre qui rappelle le phénix, pour les ignorants en alchimie, dont je suis, restes de ce qui a brûlé – mais dans tous les cas, elle est pulvérulente, dispersion du corps qui persévère, et aussi dispersion de ce langage même qui était hermétiquement fermé, grâce au bouchon d'Hermès, pour que les mélanges réussissent. Éric Marty a approfondi cette lecture en montrant combien Char retravaille la vision et le langage alchimiques, retournant par exemple le parcours initiatique traditionnel : Se couronner avant de s'égarer[10]. Il opposera à ce langage hermétique, mais « mobile », mobilisé par Char vers autre chose et qui interroge le rapport entre séparation et analogie, le langage exotérique qui enferme le monde dans un discours totalisant[11]. Ainsi l'art occulte, qui cherche à transmuer la matière en or, rencontre le poème de Nerval, de Rimbaud… qui cherche à transformer le monde, à extraire de la matière solide du langage une once d'esprit, à marier le « faire » et le « penser »… Cependant Char n'obscurcit pas le texte avec une érudition ésotérique : il réinterroge le geste de l'alchimiste pour qui connaissance et foi étaient inséparables ; connaître est diviser, séparer… mais grâce à l'hermétique cornue, le savoir préserve le sacré de la nature. Le grand œuvre de l'alchimie, pour un poète moderne, depuis le romantisme, c'est déjà et simplement d'indiquer que l'action de l'homme peut altérer l'action de la nature tout en préservant son mystère. En ce sens, Sade sera un alchimiste de l'amour, constitué naturellement de bien et de mal – amour alors « sauvé de la boue du ciel[12] », de la religion qui, idéalisant le bien, a séparé terre et ciel. L'autre langage obscur transversal est celui des mystiques : Paul Veyne raconte combien Char se délectait à la lecture de passages suggestifs de Thérèse d'Avila – et ses premières études se risquent sur ces terres obscures[13]. Il aidera ainsi à lire plusieurs poèmes bizarres au regard de l'agnosticisme de Char car comment peut-on, sans la foi, perdre la raison et s'évanouir dans le divin ? Puis comment peut-on dire ce qui est perte absolue ? La poésie est la réponse qui lie ces deux questions : elle suggère cette expérience du désir entre perte et regain, au bord de toucher un sens, dans une petite mort qui fait perdre le sens chronologique et la relation d'action entre sujet et objet, entre transcendance et immanence : O nuit,
je n'ai rapporté de ta félicité que l'apparence parfumée d'ellipses d'oiseaux
insaisissables ! Rien n'imposait le mouvement que ta main de pollen qui fondait
sur mon front aux moulinets d'une lampe d'anémone[14]. Cette expression de l'extase, au négatif, emprunte cependant peu à la langue paradoxale des mystiques espagnols. On peut dire que, pour Char, qui a dans sa vie expérimenté l'extase – alors qu'il n'a pas pratiqué l'alchimie – le mysticisme ne se réduit pas à un langage : il est à la rencontre de la vie et d'une tradition religieuse, et il repose donc la question de l'origine de l'obscur. Il y a ensuite l'obscur des œuvres surréalistes qui rencontre et s'oppose à la difficulté mallarméenne : pousser la contrainte à bout, le vers faisant bloc de son-sens, c'est, un instant, croiser l'immense liberté des Champs magnétiques. Quand Valéry disait que des chaussures plus étroites nous feraient inventer de nouvelles danses, les surréalistes, montrent d'une certaine manière comment aller rythmiquement pieds nus. Mais leur difficulté tiendra surtout au renversement opéré entre raison et inconscient : et, même s'il a toujours gardé son « quant à soi », Char a bel et bien vécu, parmi eux, cette révolution poétique où image et imaginaire battent en brèche la raison. André du Bouchet a ainsi souligné dans sa poésie l'exigence, commune avec le surréalisme, d'une « efficacité immédiate[15] », qui favorise une esthétique du raccourci métaphorique, de la condensation, de la densité, et, plus propre à Char, du fragment… esthétique relevée dès le début par l'ensemble de la critique. Sans doute vaudrait-il mieux parler de rapidité, ou « d'effet d'immédiateté », pour ne pas la confondre avec l'écriture automatique, qui se veut sans médiation. Dès le début, un sens possible, « en puissance », a été opposé à la poésie facile, et a montré que la poésie de Char n'est hermétique qu'au prime abord, qu'elle demande à être creusée, qu'elle est ouverte, en relation avec du sens. Gaëtan Picon dira qu'elle « n'est pas d'une pénétration facile, mais on la sent, en droit, pénétrable : chaque phrase enferme un savoir et, en ce sens, Char est aux antipodes de la poésie surréaliste toujours claire parce que toujours extérieure à la signification[16] », ou peut-être, aussi bien, toujours obscure. Du Bouchet entendra dans le « raisonnement poétique » de Char une ouverture oraculaire, et surtout une tension avec quelque chose qui n'est plus la règle traditionnelle : « Ses paroles sont toujours gagnées sur un obstacle ; leur emportement lyrique, mesuré à la hauteur de l'obstacle qu'il a dû franchir. » Char continue donc un chemin ouvert par Nerval, Hlderlin et Rimbaud, et qui va entre, d'une part, Mallarmé, qui œuvre « avec une patience d'alchimiste, prête à y sacrifier toute vanité et toute satisfaction, comme on brûlait jadis son mobilier et les poutres de son toit, pour alimenter le fourneau du Grand Œuvre[17] », et d'autre part le surréalisme, abandonné au désordre de l'obscur inconscient… : entre contrainte et immédiateté. Mais quel est cet obstacle dont parle du Bouchet ? Là est le centre problématique de l'obscur de cette poésie qui, bien qu'elle ait jeté aux orties les règles de la versification, indique encore du sens sonore et rythmé et qui, bien qu'elle aille plus vite que l'ombre de la pensée, indique encore de la pensée. Georges Mounin, parmi les premiers, après Gilbert Lely, à écrire sur la poésie de Char, dans les années quarante, concédera l'obscur mais réfutera l'idée de préméditation. Les circonstances, loin d'être atténuantes, vont légitimant cette parole difficile : « l'hermétisme véritable est celui de la nature des choses » ; Char est donc hermétique mais à « son poème défendant[18] ». Ce serait toujours une mystérieuse nécessité intérieure qui rencontre le mystère du monde dans le mystère du poème qui nous transforme. L'écoute de Georges Mounin croise celle de Bataille qui, dans un article de 1950, dit que sont incompatibles la raison et l'œuvre, car l'œuvre ne saurait servir aucune cause, et sa nécessité est fondée en ce qu'on ignore justement son origine. Ainsi, les Feuillets d'Hypnos ne sont que secondairement engagés, non tant parce qu'ils sont publiés après la guerre que parce qu'ils sont d'abord écrits sous l'impératif d'une mystérieuse nécessité : l'homme « demeure insaisissable, étant essentiellement imprévisible, et la connaissance doit finalement se résoudre dans la simplicité de l'émotion[19] ». Ce serait quasiment un art pour l'art, si Bataille n'ouvrait finement l'acte poétique depuis un inconnu, à la limite de l'inspiration, ainsi qu'il apparaissait déjà dans son article de 1948 sur « Baudelaire », écrit à la suite du livre de Sartre : l'acte poétique est déchiré de ne pouvoir saisir le dessaisissement grâce auquel il se réalise[20]… La pensée de Bataille est alliée substantiellement à celle de Blanchot. Dans une étude intitulée « La poésie de Mallarmé est-elle obscure ? », celui-ci avance que « quand le langage n'a pas de but, il est poésie, essence donc du langage[21] », et que la poésie, essentielle alors, de Mallarmé, parvient à approcher au plus près de ce qui n'est pas la raison. Puis, l'article célèbre, paru dans Critique en 1946, « René Char », poursuit cette méditation en relevant que la poésie de Char, réfléchissant sur elle-même, est « révélation de la poésie, poésie de la poésie, et comme le dit à peu près Heidegger de Hlderlin, poème de l'essence du poème[22] » – soit, à la suite de l'étude sur Mallarmé, une essence d'essence. Blanchot va également, dans cette étude, plus loin que Georges Mounin – pour qui le lecteur était construit par le poème – en postulant que le poème préexiste même au poète. En 1958, dans l'étude « La Bête de Lascaux », il opposera Socrate et Héraclite, comme pensée et poésie, avançant la thèse que tout poème se réfère à ce débat originel, où l'esprit se contesterait lui-même, dans « une éternelle genèse […] là où la transparence de la pensée se fait jour par l'image obscure qui la retient[23] ». Enfin dans un article, en 1963, « René Char et la pensée du neutre », il développera une méditation à partir de la question posée au début de l'« Argument » du Poème pulvérisé : Comment vivre sans
inconnu devant soi ? L' « inconnu » est l'amorce d'une réflexion sur le neutre dans notre langue – non moins difficile à approcher que l'obscur. Il le définit en négatif : le neutre n'est ni général, ni particulier ; ni sujet, ni objet ; ni universel, ni unique ; ni inconnaissable, ni pas encore connu ; ni connaissance objective, ni connaissance intuitive, ni fusion mystérieuse ; ni visible, ni invisible… Il se rapproche pourtant de l'être de Heidegger, du doigt héraclitéen qui indique, le poème découvrant l'inconnu mais paradoxalement « d'une découverte qui le laisse à couvert[24] ». Le neutre rêvé de Blanchot est la parole de l'infini, qui ne saisit pas, car, conclut-il, « parler, c'est sans lien se lier à l'inconnu[25] ». La pensée de Blanchot semble suggérer sa propre contestation au travers d'un art du paradoxe. * Dans ce parcours des lectures de l'obscur de René Char, on voit que des interprétations se distinguent tout en communiquant entre elles : il y a tout d'abord une approche, plutôt extérieure, qui relève d'une tradition historique et qui n'éclaire le propre de la poésie de Char que si on réinterroge le pourquoi de l'origine de ces langages, puis le pourquoi de leur persévérance et le comment de leur transformation dans le poème. Le langage alchimique, qui concerne surtout le début de l'œuvre, ayant été subtilement commenté par Jean-Claude Mathieu et Éric Marty, je ne l'étudierai pas, retenant essentiellement que ce langage intéresse le poète en tant qu'il ne départage pas la physique et la métaphysique, et qu'il est lié à une esthétique de la pulvérisation. Si l'union est perdue entre la science et la nature, le dynamisme héraclitéen, puis nietzschéen, va contre le retour en arrière nostalgique : non pas ça ne tourne plus mais tout coule, continûment… L'alchimiste mais aussi l'astrologue sont poètes en ce que leur porte est sur le toit, s'ouvrant bien depuis une maison terrestre mais sur le ciel, entre immanence et transcendance : l'or qu'ils cherchent est déjà semé sur le chemin qu'ils postulent – chemin que détruit le technicien moderne quand il se pense comme seul donneur de sens. L'extase, surtout présente dans Fureur et Mystère et ayant été, aussi, heureusement étudiée pas Paul Veyne, je ne l'évoquerai au cours de cette recherche que pour la retenir comme expérience de la limite. Si l'alchimie donnait un verbe étrange, « transmuer », entre matière et esprit, la mystique donne sur un sujet étrange, qui s'efface en fusionnant avec le divin – quoiqu'il demeure suffisamment pour nous le rapporter… Cet effacement du sujet a à voir avec l'effacement de la conscience dans les œuvres surréalistes mais est en contradiction avec le corps sadien, dont la sexualité violente maintient sur terre le plaisir, si extatique soit-il. L'obscur n'est plus dans une transmutation du monde, mais dans une expérience, au bord de la folie, quand la fusion avec le divin parle les mêmes mots que l'amant qui meurt de la petite mort du plaisir, ou quand l'antique pythie bégaie tel le rêveur surréaliste. Le mystique et le rêveur qui reconduisent, en alliant corps et déraison, un peu de l'alliance entre l'obscur de l'homme et l'obscur du monde et qui, ce faisant, témoignent d'un indissoluble de l'antique union entre poésie et pensée naissante : l'extase et le rêve métaphorisent et ont une syntaxe encore. Entre dieu et inconscient, entre extase et jouissance, le poème moderne étire un peu plus le lien qui va entre l'inconnu du connu et le connu de l'inconnu. La poésie de Char n'est ni intellectuelle – elle ne prolonge pas la vie des philosophies anciennes – ni hermétique – elle ne cherche pas à enclore dans quelque langage abscons un rébus pour initiés… : ces pensées, qui sont inséparables de leurs formes de pensée, la traversent juste. De la même manière, la voix d'un rêveur en train de se réveiller, ou d'une carmélite en ravissement, traversera quelques poèmes... On voit donc que ces questionnements autour de l'alchimie, de la mystique, de l'inconscient, de la sexualité contredisent Georges Mounin en ce que l'obscur, comme on a vu, est tout à la fois dans le monde, dans les hommes, et dans leur rencontre. Corollaire est l'objection que je ferai à la position morale de la critique qu'il manifeste, selon laquelle un poète aurait à se défendre d'être obscur car, on l'a dit plus haut, non seulement il est de l'obscur entre dehors et dedans, mais la parole a pour devoir de l'approcher. C'est une hypothèse, entre philosophie et éthique, selon quoi, depuis le seizième siècle, les lumières de la raison, de la religion, et de la science ayant irréversiblement éclairé et détruit quelques peuples et quelques parties de cette terre, un retournement a lieu envers l'obscur, qui n'est plus ni hermétisme pour quelques initiés, ni un espace de peur, mais le lien autre possible, qui irait continûment de l'espace au temps et aux sens, entre le monde et les hommes. C'est pourquoi je m'inspirerai davantage des perspectives de Bataille et de Blanchot qui se penchent sur l'obscur en cherchant à le maintenir un peu, à le suggérer, à le montrer d'un doigt conceptuel. La seconde étude, où Blanchot fait de l'opposition, entre pensée claire et parole poétique, l'origine violente de tout poème, me semble, en ce sens, la plus convaincante ; c'est aussi celle que René Char a souhaité voir citée dans l'édition de la Pléiade. Le poème étant à la fois la parole la plus physique ou sonore qui soit, et la parole la plus absente ou figurée qui soit, il est plus que la pensée conceptuelle et en même temps il ne l'est pas : il la conteste, dirait Blanchot. Quand par exemple on voit dans la poésie une parole autotélique qui ne parle que d'elle-même, on pourrait s'étonner qu'il y ait encore des lecteurs de cette poésie qui ressasse sans cesse ses façons d'écrire… mais si on voit dans cette réflexivité, une méfiance et une mise en question de la pensée par elle-même, on peut se ranger parmi les honnêtes lecteurs qui aiment à lire un poème partagé entre deux extrêmes : un ravissement et un contrat poétique – contrat peut-être d'autant plus pressant et visible que s'éloignent les lois de l'ancienne versification. Le poème, qui n'a plus de raison d'être établie, donne ses raisons tout en les minant : art poétique nécessairement lié à l'obscur. Enfin le rapport de Char aux philosophies est original. S'il se nourrit explicitement de la pensée d'Héraclite, qui est aussi une esthétique – sur les contraires à nuancer et à allier, sur le devenir, sur le fragment à concevoir –, dans un texte de Partage formel, il l'associera à Georges de La Tour, et dans la réponse à une enquête de 1938, à Lautréamont et Rimbaud ; dans un même titre, plus tard, il mettra ensemble Baudelaire et Nietzsche ; méditant dans les années cinquante, sur la pensée de Heidegger, il n'aboutira à aucun concept arrêté mais à ce paradoxe : Nous sommes d'une lignée qui se sent à l'étroit dans des sommations strictement intellectuelles[26]. La réflexion semble avoir été « ruminée », selon le mot de Nietzsche, depuis le texte d'hommage à Camus : Depuis plus de dix ans que je suis lié
avec Camus, bien souvent à son sujet la grande phrase de Nietzsche réapparaît
dans ma mémoire : « J'ai toujours mis dans mes écrits toute ma vie et
toute ma personne. J'ignore ce que peuvent être des problèmes purement
intellectuels[27]. » Plus tard, lors
des séminaires du Thor, on sait qu'à la première rencontre, après deux heures
de réflexions sur le fragment 57 d'Héraclite sur l'unité du jour et de la nuit,
Char quitta la table ronde sans crier gare[28]…
Le lendemain, à propos de l'origine commune et toujours recommencée, du jour et
de la nuit, il s'exclamera : Mais
enfin, quelle est donc l'origine de la métamorphose ? De quel sperme
a-t-elle bien pu prendre naissance ?[29] Aussi, si la
philosophie de Heidegger a, sans aucun doute, été une lointaine et belle
« inclémence » à sa poésie, je n'évoquerai leurs lieux communs qu'à
propos du temps essentiellement car il semble que Char, qui met dans un même
horizon un philosophe, un peintre et un poète, interroge essentiellement la
commune présence de leur parole. Et à la suite de Blanchot, je dirais que la
philosophie qui intéresse René Char est celle qui se conteste elle-même en tant
que « concept pur », en tant que concept qui ferait fi de son
expression matérielle : Héraclite qui montre la tragédie d'un index
« dont l'ongle est arraché[30] »,
à travers une pensée imagée et fragmentaire, Nietzsche qui personnifie sa
pensée à travers la véhémence de Zarathoustra… sont les penseurs alliés
poétiquement à Char. Une pensée sans voix n'intéresse pas un homme libre qui ne
cherche pas de quoi emprunter une conduite dans quelque système clos ; et une
voix sans pensée n'intéresse pas un homme entier : les œuvres qui
éclairent Char sont celles qui interrogent leur style même, leur pensée ne
perdant donc jamais de vue leur propre expression, leur corps, le point où leur
rencontre, pensée et corps de la pensée, serait enfin juste. C'est une autre raison
pourquoi je ne partirai pas des philosophies pour commenter la poésie de Char
mais les croiserai en chemin, aidée des lectures stimulantes de Jean Beaufret
lisant les présocratiques, de Patrick Née qui nous défait d'une lecture trop
facile du « retour amont », de Françoise Dastur qui associe à la
coappartenance du jour et de la nuit, celle de la vie et de la mort… * Au cours de ce livre, un double mouvement, d'élargissement et d'approfondissement, a lieu : penchée au début sur les recueils des années cinquante et soixante, La Parole en archipel et Le Nu perdu, j'ai peu à peu élargi ma lecture à toute l'œuvre. La connaissance accrue de l'œuvre est allée de pair, au long des sept chapitres qui vont suivre, avec un affinement de la question et une plus grande rigueur alliée aussi à une plus grande liberté. L'obscur essentiel de la poésie de René Char est en relation avec l'obscur du monde tel que nous le découvrons, et d'abord dans la nuit. Contre la tradition philosophique qui, en métaphorisant la pensée en lumière, et à peu près tout le reste en noir, a séparé le corps et l'esprit, la poésie apparaît comme une précaire et perpétuelle parole qui donne corps au sens, et donc fait inséparables le jour et la nuit – inséparabilité qui scelle l'alliance de l'homme et du monde. Mais cette alliance, qui allait de soi autrefois avec la religion, étant désormais avérée très arbitraire et artificielle, le poème doit la reconduire et la refonder. Le poème de Char relance ce lien en interrogeant la nature du visible et de l'invisible. Ainsi, comme l'éclair dans la nuit altère le monde que l'on croyait familier, la liberté du poème, de la vie à l'œuvre, apparaît telle que la vie semble parfois réinventée ou précédée. Le poème d'amour, lui, retend, retourne et laïcise le lien, qui remonte aux troubadours, entre la femme de chair et la chair de la poésie, nuançant ce chiasme au point où visible et invisible, « soleil et nuit dans un or identique parcourent et négocient l'espace-esprit, la chair-muraille »[31]. Mais l'art de Char n'est pas naturaliste, il ne représente pas une nature comme un paradis perdu car – et ce n'est même pas parce que nous ne pouvons pas ne pas penser et donc tout rompre, et quand bien même notre terre demain n'aurait plus une herbe ou définitivement exploserait – la « Nature » est toujours impossible. L'art poétique de Char c'est l'étonnement de la Nature, entendue comme ce qui nous dépasse. L'art seul peut, dans l'inséparabilité de son corps et de sa pensée qui a trait avec ce qui n'est pas, approcher de cet inconnue, dont le nu est plus que perdu : impossible, et donc infiniment dicible. Il s'agira alors d'approcher du plus abstrait de la Nature, et donc du temps, furet insaisissable qui nous saisit sans discontinuer, « il mord, il mord… » Ou bien, entre un sujet lyrique, décapité comme un soleil, mais poudroyant encore, et une nature asservie, on comprendra mieux que la langue apparaisse tantôt immanente, voire naturelle, tantôt transcendante. Même la tension entre le récit, qui a trait au passage du jour à la nuit, et le fragment, qui interroge le lien du temps et de l'espace, met en jeu notre rapport à la Nature… C'est pourquoi cette étude découvrira au final le partage formel qui est entre les phénomènes du jour et de la nuit et l'art poétique de Char. Et cela est « naturaliser » pourvu qu'on enlève tout ce qu'a de réactionnaire ce mot : si la Nature est ce qui nous dépasse, naturaliser un art, c'est tenter de mieux entendre son étrangeté à partir d'ici. Et c'est tenter une phénoménologie qui simplement questionne comment, depuis notre perception des phénomènes du ciel et de la terre, le poème de Char quelquefois semble tomber non du ciel mais de l'homme. La nuit sans sujet apparaîtra donc l'espace-temps où l'homme, étant un peu plus petit, semble une plus juste aune de l'infini. Il peut concevoir et entrevoir une lumière autre, qui effacerait le vol originel du feu, profondément ambivalent : tragique car avec lui on a volé la vue du monde et, pis encore, on a blessé la nuit avec ce feu, écharde humaine ; mais aussi merveilleux car, entre nature et culture, le feu qui blesse la nuit, peut apparaître aussi comme sa parole « naturelle », non plus écharde mais langue. Tout l'œuvre de Char file du météore au météorite, ou dure de l'éclair à la bougie... Sa poésie métaphorique, jusqu'à l'hermétisme, a une source dans cette expérience de la nuit noire traversée d'une lumière qui file un sens, autre que celui du jour qui totalise et possède le monde, un sens donc vraiment autre : qui n'est pas une altération du soleil, mais qui serait de la nuit même. C'est pourquoi, le lien de ressemblance et l'identité du métaphorisé demeurant dans l'obscur, la métaphore de Char est difficile : l'événement du poème « apparaît absolument neuf, inouï, sans antécédent. Le réel est alors de l'ordre de l'apparition », pour reprendre les mots de Jean-Michel Maulpoix[32]. Dans la poésie de Char, les éléments du poème s'aiment moins d'emblée qu'ils ne cherchent à s'aimer dans la vérification qu'ils ont une même et juste relation au monde. Cela est possible parce que la relation tendue, et donc sentimentale du corps et de l'esprit, dans la métaphore, fait persévérer la relation du jour et de la nuit, telle qu'elle apparaît exemplairement le temps d'un éclair la nuit. On ne pourra donc pas ne pas s'interroger sur le réel et sa transformation dans le poème : c'est un des caractères majeurs de la poésie moderne qui remet en jeu son art de parler, à chaque ligne. Cet obscur est le maintien du réel dans le poème. Le monde n'aime pas les mots, ou plutôt, il n'a pas besoin d'eux, mais les mots, en vivant le grand rythme du clair et de l'obscur du monde, en transformant le besoin en désir, gagnent l'amour du monde. Ainsi la poésie de Char n'est pas hermétique, ou ésotérique… car elle n'est pas, ou rarement, un geste articulé, stratégique, volontaire qui obscurcirait le clair du monde mais la tentative de rencontrer le jour et la nuit du monde avec le corps, le cœur et l'esprit. De même que sans le rêve, nous ne saurions qu'il y a en nous de quoi penser autrement, une « pensée » en images sonores, hors le concept, sans la nuit nous ne pourrions expérimenter cette lumière autre. C'est bien pourquoi, à l'oreille de René Char, contrairement à celle de Mallarmé, la « nuit » n'a pas un timbre clair mais un juste timbre, en clair-obscur : le « i » allume une bougie dans le nu de la nuit, il donne chaleur et lumière à la nuit noire et froide. Il y a une immense tradition de belle clarté dans la poésie française, de Marie de France à Jaccottet, et en marge une poésie obscure de Scève à Mallarmé, qui ira ensuite de soi avec le surréalisme. Mais quand l'emblème de Scève partait de/vers la pensée, la voix surréaliste semble partir du corps le plus nu qui soit. C'est aussi pourquoi la nuit sera privilégiée dans une modernité modeste qui cherche moins qu'elle n'écoute ce qui est ici et qui, peut-être, n'a pas encore été entendue : si dans le rien du noir, si dans le vain de la métaphore, je peux « revenir là où je n'ai jamais été[33] », alors c'est qu'il est un sens possible à la rencontre du corps et de l'esprit, de l'être et du monde – et si cela n'est pas, l'impossible aura été du moins approché. Enfin on voit que ma thèse, en accord avec les deux premières lectures de Blanchot, s'oppose à sa lecture du neutre : par là je rejoins Starobinski pour qui « pas plus que le poète ne demeure inactif, l'inconnu ne demeure neutre et sans visage[34] », et cherchant, comme lui, à écouter concrètement aussi la forme et le sens des poèmes, je tendrai plutôt à percevoir dans la poésie de Char un « et… et… », un élan qui ne s'arrête pas, un « tout coule » à la René Char, une relation amoureuse entre les mots du poème et le monde. Il fait donc nuit sur terre et dans l'homme : seul un poème peut dire cet obscur tout en le préservant quand, un instant, nous sentons une pensée corporelle, à la fois nôtre et autre, qui altère notre corps et désaltère notre pensée – la lumière n'étant plus ce qui est origine ou fin téléologique, mais un éclair à l'embranchement de tout. Nathalie Riou [1] « Riche de larmes », Éloge d'une Soupçonnée, in Œuvres complètes, Paris, Gallimard, 1983 ; coll. La Bibliothèque de la Pléiade, 1995, p. 840 ; 1515 p. Toutes les citations de René Char se référeront à cette édition. [2] Boileau, Art poétique, Chant premier, vers 153 ; Paris, Flammarion, coll. GF, 1998, p. 91 (1ère édition 1674). [3] À faulx contente, p. 783. [4] Totalité et Infini – Essai sur l'extériorité, Paris, Librairie générale française, coll. Le livre de poche, Biblio-Essais, 2000, p. 56. (1ère édition 1971). C'est en raison de cette notion de désir que j'ouvre cette étude avec Lévinas plutôt qu'avec Heidegger. [5] « Arthur Rimbaud », Recherche de la base et du sommet, p. 729. [6] Les Temps modernes, numéro 152, oct. 1958 (cité par Laurent Greilsamer in L'Éclair au front, la vie de René Char, Paris, Fayard, 2004, p. 333). [7] « La poésie. Seuls demeurent par René Char », Fontaine VIII, 43, juin 1945, p. 414-5 ; cité dans Dans l'Atelier du poète, édition établie par Marie-Claude Char, Paris, Gallimard, coll. Quarto, 1020 p. 401. [8] René Char en ses poèmes, Paris, Gallimard, coll. Essais, 1990, p. 181. [9] Voir « Le creuset de Corneille Agrippa », in La Poésie de René Char I, Paris, éd. José Corti, 1988, p. 188-193. [10] Moulin premier, XXI, dans Le Marteau sans maître p. 67. [11] « L'Hermétisme », in René Char, Paris, éd. Le Seuil, coll. Les Contemporains, 1990, p. 115-158. [12] « Sade, l'amour enfin sauvé de la boue du ciel, cet héritage suffira aux hommes contre la famine », Le Marteau sans maître p. 40. [13] « Char et Sade », in La Nouvelle Revue Française, nĄ 374, mars 1984, p. 85-103 ; « René Char et l'expérience de l'extase » in La Nouvelle Revue Française, nĄ 394-395, nov.-déc. 1985, p. 50-64. [14] « Fenaison », Fureur et mystère, p. 139. [15] « Fureur et Mystère », in Les Temps modernes, nĄ 42, avril 1949, p. 746. [16] « René Char et l'avenir de la poésie », in Fontaine XI, 63, nov. 1947, p. 826-834 ; repris dans L'Usage de la lecture, Paris, Mercure de France, 1960, p. 121-130. [17] Mallarmé, « Autobiographie » in Œuvres, Paris, Gallimard, coll. La Bibliothèque de la Pléiade, 1945, p. 662. [18] Avez-vous lu Char ? Paris, Gallimard : 1947 ; coll. Folio Essais, 1989, p. 17. [19] Georges Bataille, « Lettre à René Char sur les incompatibilités de l'écrivain », in Botteghe oscure nº VI, automne 1950 ; repris dans les Cahiers de l'Herne (1971, p. 35). Il s'agit d'une réponse à une enquête lancée par René Char dans la revue Empédocle (Pauvreté et Privilège, RBS, p. 658). [20] Repris dans La Littérature et le mal, Paris, Gallimard : 1957 ; coll. Folio, 1990, p. 35. [21] Faux-pas, Paris, Gallimard, coll. Folio, 1943, p. 128. [22] Repris dans La Part du feu, Paris, Gallimard, 1949, p. 104. [23] Éd. Guy Lévis Mano ; repris dans les Cahiers de l'Herne,1971, p. 76. [24] L'Arc, nĄ 22, été 1963, p. 11. [25] Ibid., p. 14. [26] Ces références se trouvent respectivement dans : Fureur et mystère, p. 157 ; « La poésie indispensable », Recherche de la base et du sommet, p. 741 ; « Baudelaire mécontente Nietzsche », La nuit talismanique qui brillait dans son cercle, 495-496 ; « Impressions anciennes », Recherche de la base et du sommet, p. 743-744. [27] « Je veux parler d'un ami », op. cit., p. 713. [28] Laurent Greilsamer, L'Éclair au front la vie de René Char, op. cit., p. 367. [29] La séance est rapportée par Jean Beaufret : « Séminaire du Thor 1966 » in Questions III et IV, Paris, Gallimard : 1976 ; coll. Tel : 1990, p. 369. [30] « Héraclite d'Éphèse », Recherche de la base et du sommet p. 721. [31] « Mission et révocation », Fureur et Mystère, p. 169. [32] Fureur et mystère de René Char, Paris, Gallimard, coll. Foliothèque, 1996, p. 42. [33] « L'illusion imitée », Le Tombeau des secrets, cité dans René Char. Dans l'atelier du poète (édition établie par Marie-Claude Char, Paris, Gallimard, coll. Quarto, 1996, p. 113.) [34] « René Char et la définition du poème », in Courrier du Centre International d'études Poétiques, 66, août 1968 ; repris dans Liberté X, 4, juill.-août 1968, p. 21 ; et repris dans Faire du chemin avec…, édition établie par Marie-Claude Char (Paris, Gallimard, 1992, p. 305-316.) |