RETOUR : Coups de cœur

Alain Roussel : note sur le livre de Thierry Metz, Terre, peintures de Véronique Gentil.

Alain Roussel a écrit une trentaine de livres ou plaquettes, notamment aux éditions Lettres vives, chez Cadex, chez Plasma, à la Différence, au Cadran ligné, chez Apogée, le Réalgar, Maurice Nadeau… Il a participé à de nombreuses revues : Phases (d'Édouard Jaguer), Opus International, Surréalisme (Vincent Bounoure), Mai hors saison, L'Autre, Nulle part, la Polygraphe, Supérieur Inconnu…). Il s'inscrit dans une double démarche. L'une est d'ordre poétique. L'autre revendique la liberté de la langue et le bonheur d'écrire ; l'imaginaire et l'humour y jouent un rôle essentiel.

Texte d'abord publié sur le site En attendant Nadeau,  dans la rubrique « À l'écoute ».

Mis en ligne le 12 mai 2022.

© : Alain Roussel.

Metz Thierry Metz, Terre, poème accompagné de peintures de Véronique Gentil, éditions Pierre Mainard, 2021.


« Je ne vis qu'en ce que j'ai à écrire », nous dit Thierry Metz, dès la première page. Il ne vit donc pas pour écrire mais pour le dedans de l'écriture, toutes ces choses que les mots désignent et qui constituent sa vie quotidienne, l'herbe, le nuage, l'oiseau, l'arbre, le pain, la table, la sauge et surtout la main… En les liant, il en fait une corde, puis un chemin entre lui et « l'inachevé ». Ce qu'il tente de nommer par le poème, dans une sorte de balbutiement – « comme on écrit sur une table bancale » – est ce qu'il y a d'irréductible dans la réalité, sa part énigmatique qui renvoie à l'énigme de toute parole comme de toute vie. Pour créer le déclic, il suffit d'un rien : « C'est le jour, c'est le ciel, c'est le bonjour d'un passant qui a servi d'appât. » Le concret n'est jamais occulté chez ce poète qui a vécu « en maçon de sa langue », « entre l'encre et la chaux », mais il en révèle une verticalité en « suivant le sol et le ciel ». Et avec Thierry Metz, il y a toujours « un peu de terre en haut de l'arbre ».

Alain Roussel

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