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Marc Sagnol : Sur les relations littéraires franco-allemandes et franco-russes. Le cas Madame de Staël.

Conférence donnée le 28 février 2020 à l'Université d'économie de Saint-Pétersbourg.
Cette conférence a été prononcée en russe.

Marc Sagnol, germaniste, philosophe, actuellement en poste à Erfurt (Allemagne), a été notamment directeur de l'Institut français de Dresde (1990-1996) puis de Kiev (1996-2000), et attaché culturel à Moscou (2007-2010).
Parmi ses publications : Tragique et tristesse. Walter Benjamin, archéologue de la modernité, éd. du Cerf, Paris 2003, (trad. all. Kadmos, Berlin 2017)
Coordination, choix des textes et traduction du n° spécial des Temps modernes sur « Paul Celan, de Czernowitz à Paris », août-octobre 2016
Édition et préface de : Arnold Daghani, La Tombe est dans la cerisaie, Journal du camp de Mikhaïlovka, Fario, Paris, 2018.
Il termine actuellement un film sur Paul Celan, pour le centenaire de celui-ci.

© : Marc Sagnol

Étude mise en ligne le 29 avril 2020.


Sur les relations littéraires franco-allemandes et franco-russes
Le cas Madame de Staël

Mon ami Sergueï Fokine m'ayant demandé de parler d'un aspect des relations littéraires franco-allemandes, qui ait si possible aussi un rapport avec la Russie, j'ai pensé à Madame de Staël, grande intellectuelle européenne qui a été en France la première grande « découvreuse » de l'Allemagne et de sa littérature, et qui a pour ainsi dire introduit le romantisme allemand en France. Germaine de Staël, adversaire de Napoléon, a été condamnée par celui-ci à l'exil et s'est réfugiée tout d'abord en Allemagne en 1803-1804, puis dans sa propriété de Coppet en Suisse, où elle était à l'abri, puis en Russie en 1812 avant l'arrivée des Français. Elle a donc aussi un lien particulier avec la Russie, qui l'a très bien accueillie.

Je choisirai pour la présenter un portrait d'elle peint par Élisabeth Vigée Le Brun, autre grande artiste française qui a vécu un certain temps en Russie et qui constitue un des meilleurs liens intellectuels entre la France et la Russie. Ces deux femmes n'étaient pas à Saint-Pétersbourg au même moment, c'est à Coppet, en Suisse, lors de son voyage de 1808, que Vigée Le Brun a peint Madame de Staël en Corinne, du nom de l'héroïne de son roman Corinne ou l'Italie.

On voit ici Madame de Staël représentée en personnage exalté, une lyre à la main, devant un paysage de montagnes surmontées d'un temple antique, influencé peut-être par les tableaux de Poussin, mais s'orientant déjà vers une esthétique romantique.

Stael
Germaine de Staël en Corinne, par Élisabeth Vigée Le Brun, 1808.
Musée d'art et d'histoire de Genève

Mais avant de présenter ses écrits sur l'Allemagne qui ont tant influencé la perception que nous, Français, avons de ce pays et de cette littérature, rappelons brièvement qui est Madame de Staël, d'où elle venait et ce qui lui a valu d'avoir une biographie exceptionnelle.

Anne-Louise Germaine Necker est née à Paris en 1766, française, et suisse, par l'origine de ses parents. Son père Jacques Necker, est alors un banquier suisse très connu sur la place de Paris. Il deviendra Ministre des finances du roi Louis XVI, ce qui correspondait à une position de Premier Ministre. Germaine Necker épousera à 20 ans, à Paris, Erik Magnus de Staël-Holstein, l'ambassadeur de Suède en France. Devenue baronne de Staël-Holstein, elle se fait appeler simplement Madame de Staël.

Suzanne Necker, l'épouse du Ministre, ouvrira son salon littéraire à Paris. Il sera fréquenté par les figures politiques, littéraires, et artistiques de l'époque, qui pour la plupart, adhéraient aux Lumières. La jeune Germaine fréquentera le salon de sa mère dès l'âge de 8 ans. « Je suis venue au monde dans un salon » dira-t-elle. Elle sera ainsi très armée pour sa future carrière littéraire et politique. À 15 ans, elle discutait déjà dans les salons parisiens comme une adulte. On se plaira à dire que la conversation de Mme de Staël, était « un éblouissement ». Cette réputation la suivra jusque dans les salons de Weimar en 1804 et de Saint-Pétersbourg en 1812. Goethe après ses premières discussions avec l'égérie des lettres françaises déclarera : « Elle parle à merveille, mais trop, beaucoup trop […][1] ».

Le jeune Madame de Staël se fait connaître par ses premiers écrits, notamment sur Jean-Jacques Rousseau (en 1788) et un essai presque de sociologie littéraire, De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (1800), qui lui valent une solide notoriété dans le monde des Lettres et une réputation de femme ouverte, libérale.

Germaine de Staël soutient la Révolution française dont elle approuve les idéaux de 1789, mais adopte une position critique dès 1791. Les soubresauts violents de la révolution conduiront son père, Jacques Necker à démissionner de son poste en 1790, et à rentrer en Suisse au château familial de Coppet, à vingt kilomètres de Genève, tandis qu'elle-même restera dans un premier temps à Paris avec son mari, tout en se réfugiant à plusieurs reprises chez son père en Suisse. C'est là, à Coppet, que Madame de Staël passera plus tard la plus grande partie de son exil et recevra de nombreux invités. Vivant séparément de son mari, puis devenue veuve en 1802, elle sera connue pour sa vie sentimentale mouvementée.

En 1802 paraît son premier roman, Delphine, qui scandalise par ses idées politiques, religieuses et morales. Napoléon lui interdit le séjour à Paris. En septembre 1803, elle se faufile dans la banlieue de Paris, à Montmorency, d'où elle espère pouvoir revenir dans sa ville, mais le Premier consul, Napoléon Bonaparte, l'apprend et signe bientôt, le 15 octobre, un ordre d'exil à quarante lieues de Paris[2]. C'est alors qu'elle décide de se rendre en Allemagne, pour éviter les foudres de Napoléon. Elle part le 25 octobre, accompagnée par Benjamin Constant et s'arrête tout d'abord à Metz, où elle reste douze jours, du 26 octobre au 8 novembre pour s'entretenir et flirter avec le grand connaisseur de l'Allemagne Charles de Villers, qui avait déjà publié un ouvrage sur Kant et se voulait un médiateur entre les deux pays. Charles de Villers, originaire de Lorraine, avait émigré en Allemagne lors de la Révolution française et vivait à Lübeck dans une sorte de ménage à trois avec le couple Rodde, mais il voyageait ici en compagnie de Mme Dorothea Rodde et de ses deux enfants, sur la route de Paris. Charles de Villers et sa « famille » d'adoption ainsi que Mme de Staël et Benjamin Constant logeaient dans le même hôtel à Metz, à deux étages distincts, et Mme de Staël a déployé tous ses charmes et toute sa séduction, n'hésitant pas à l'inviter à passer chez elle à une heure avancée de la nuit, pour tenter de le convaincre de l'accompagner en Allemagne, car elle avait besoin d'un guide expérimenté, en même temps que d'un nouvel amant[3]. Sans succès, Charles de Villers est resté avec Mme Rodde, mais les discussions qu'ils ont eues à Metz ont largement contribué à l'introduire dans le monde de la littérature et de la pensée germanique. Charles de Villers lui a même confié des manuscrits et une traduction de Jean-Paul Richter, qu'elle utilisera plus tard dans son livre De l'Allemagne.

Madame de Staël continue sa route vers l'Allemagne, passe la frontière à Mayence, traversant le Rhin à bord d'un bac, éprouvant une profonde tristesse à l'idée de quitter la France : « Je réfléchissais en traversant le Rhin que l'on n'a jamais éprouvé une pitié assez profonde pour les Français qui ont été condamnés à quitter leur pays. Je me suis promenée longtemps sur le bord de la rive française du fleuve, hésitant à passer cette frontière qui a quelque chose de solennel. Le temps était froid, le ciel obscur ; tous ces présages qui ne font aucune impression dans les moments heureux de la vie oppressent un cœur déjà malade[4]. » Après plusieurs jours de voyage, Germaine de Staël, accompagnée de Benjamin Constant, arrive à Weimar (c'est Charles de Villers qui lui a conseillé de s'y rendre et d'y rencontrer Goethe et d'autres célébrités) et ce fut pour elle un éblouissement, elle y resta près de trois mois, avant de continuer sa route vers Berlin, puis de rentrer à Coppet :

« J'ai passé des jours si heureux dans ce séjour, que mon jugement sur tous les objets se ressent des impressions que j'y ai éprouvées. […] Mon âme s'y est quelque temps reposée de ses blessures. J'aimais ce sanctuaire de la science et de la philosophie, où le bruit du monde ne pénètre point, où des âmes paisibles et des esprits studieux cherchent entre eux les moyens de perfectionner l'homme solitaire[5]. »

À Weimar, elle est reçue à la cour du duc Carl August ; elle rencontre Goethe, qu'elle tente d'apprivoiser en lui traduisant un de ses poèmes, « Le Pêcheur[6] », mais qui est un peu agacé par son tempérament volubile et par l'air qu'elle déplace autour d'elle : « Elle tombait chez moi comme une bombe, elle m'étourdissait d'un coup violent, et voulait qu'aussitôt on sifflât sa petite chanson, et qu'on sautât d'un sujet à un autre[7] » ; elle rencontre Schiller et lit ses drames, ses poésies, ses livres historiques ; elle rencontre le vieux Wieland, qui lui donne des conseils ; elle va voir de nombreuses pièces de théâtre de Schiller comme Wallenstein, ou Jeanne d'Arc, de Goethe, comme la Fille naturelle, qu'elle n'apprécie d'ailleurs pas trop, lui préférant Iphigénie.

Il semblerait peut-être temps de parler de son ouvrage principal, De l'Allemagne, qu'elle a écrit en grande partie à partir des notes rédigées à Weimar et à Berlin, mais aussi, plus tard, à Coppet. Je voudrais cependant retracer encore la suite de ses voyages et de ses pérégrinations, en particulier jusqu'à la Russie, puisque nous sommes ici à Saint-Pétersbourg. Madame de Staël a dû interrompre son séjour à Berlin en apprenant, en avril 1804, la mort de son père, qui fut toujours son protecteur. Elle rentre donc à Coppet, accompagnée cette fois de l'écrivain August Wilhelm Schlegel, qui sera le précepteur de ses fils et deviendra son nouveau mentor et sans doute amant. Elle mûrit déjà le projet d'un voyage en Italie (Naples et Rome), où elle se rend en 1805 avec Schlegel. À son retour, elle écrit Corinne ou l'Italie (1807), qui remporte un grand succès, où l'héroïne meurt au cours de sa recherche d'indépendance, ce roman que lisait Vigée Le Brun quand elle l'a peinte. Elle travaille alors à De l'Allemagne, qu'elle tente de publier une première fois en 1810, mais que le ministre de la police de Napoléon, Rovigo, fait mettre au pilon avec les arguments suivants : « Il m'a paru que l'air de ce pays-ci ne vous convenait point, et nous n'en sommes pas encore réduits à chercher des modèles dans les peuples que vous admirez. Votre dernier ouvrage n'est point français ; c'est moi qui en ai arrêté l'impression[8]. » Effectivement, le ministre envoie des gendarmes chez l'éditeur et fait détruire tout le premier tirage de 10 000 exemplaires, en plaçant des sentinelles à chaque issue du magasin, « de crainte qu'un seul exemplaire de ce dangereux écrit pût s'échapper[9] ». Le livre ne paraîtra donc que trois années plus tard, en 1813, à Londres, après qu'elle aura fait mettre le manuscrit en sécurité à Vienne.

En 1812, Madame de Staël quitte Coppet pour la Russie, d'où elle veut rejoindre l'Angleterre en passant par la Suède, seule route possible dans l'Europe napoléonienne de l'époque. Elle passe par Vienne, Lemberg (aujourd'hui Lvov), Brody, dernière ville autrichienne. Elle traverse la frontière russe le 14 juillet 1812 à Radzywillow, continue par Jitomir jusqu'à Kiev, où elle admire le Dniepr.

« En effet, les fleuves sont les plus grandes beautés de la nature en Russie. À peine si l'on y rencontre des ruisseaux, tant le sable en obstrue le cours. Il n'y a presque point de variété d'arbres ; le triste bouleau revient sans cesse dans cette nature peu inventive. Les fleuves délivrent l'imagination de cette fatigue[10]. »

Elle rejoindra Moscou par le sud, par Orel et Toula, tandis que les troupes napoléoniennes arrivent par l'ouest, elles avaient déjà pris Vilna et se dirigeaient vers Smolensk. Elle arrive à Moscou le 1er août. Elle est une des rares voyageuses à avoir vu Moscou avant l'incendie de 1812, et ses notes sont donc particulièrement précieuses. Elle appelle Moscou une « Rome tartare », y voit une « multitude de clochers », des « maisons de toutes les couleurs, maisons de sucre », de « gigantesques boules d'or sur les églises », de « superbes palais de bois[11] », toute une image de la ville qui n'est plus vraiment celle que l'on connaît aujourd'hui. Elle rencontre à Moscou Karamzine, qui avait fait connaître en Russie Delphine et Corinne. Pressée de quitter Moscou avant que Napoléon y arrive, elle part le 7 août et prend la route de Saint-Pétersbourg, par Novgorod.

« Monotonie de la nature. Toujours des bouleaux. Point de fleurs, fruits âpres. Peur et mal que fait le soleil qui est à la veille du froid[12]. ». Les marais se multiplient, la campagne devient « horrible » et l'on arrive à Pétersbourg comme si « un enchanteur faisait sortir toutes les merveilles d'Europe et d'Asie au sein des déserts[13] ». Saint-Pétersbourg fut pour Mme de Staël un éblouissement. « Nous avons vu les quais de granit, le Jardin d'été, l'église de Casan ; figure presque noire de la vierge martyre russe[14]. » La Néva l'enchante : « Je ne sais ce qu'il y a de particulièrement beau dans ce fleuve, mais jamais les flots d'aucune rivière ne m'ont paru si limpides[15]. » A Saint-Pétersbourg, elle est reçue par le ministre des affaires étrangères Romanzoff, elle rencontre le baron von Stein, ex-ministre du roi de Prusse, va visiter le couvent d'Alexandre Nevski, la cathédrale de Kazan qui venait d'être achevée. Elle habitait en face de la statue de Pierre Ier sur les bords de la Neva, et note bien dans son journal l'inscription : « Catherine 2 à Pierre 1er »[16].

Elle est reçue par l'Impératrice Elisabeth et l'empereur Alexandre Ier, qu'elle encourage dans sa guerre contre Napoléon. Elle dîne chez le comte Orloff, dans une maison de campagne qu'il possède dans une île sur la Néva. Elle dîne quelques jours plus tard chez Narychkine, grand maréchal de la Cour, chez qui elle rencontre le prince Koutouzov, avant son départ pour la guerre. « C'était un vieillard plein de grâce dans les manières, et de vivacité dans la physionomie, quoiqu'il eût perdu un œil en Crimée sous Catherine II par une de ses nombreuses blessures[17]. » Elle lui prodigue, dit-on, ses encouragements : « Je viens saluer la tête respectable dont dépendent les destinées de l'Europe[18]. »

Madame de Staël visite aussi Tsarskoie Selo, qu'elle admire beaucoup, ainsi que Pawlowsk. Elle rentre le soir à Pétersbourg et apprend, le 25 août, la prise de Smolensk par Napoléon, qui eut lieu le 18 août, après deux jours de bataille, et est très découragée. Elle reste encore quelques jours avant de s'embarquer début septembre pour Stockholm, d'où elle rejoindra Londres. C'est à Londres qu'elle parviendra enfin, en 1813, à publier son livre De l'Allemagne, dont elle avait gardé précieusement le manuscrit en voyage.

 

Maintenant que nous avons rappelé le cadre historique et intellectuel dans lequel évoluait Germaine de Staël, essayons de caractériser ce livre De l'Allemagne, qui reste son ouvrage le plus célèbre et toujours actuel, ses deux romans, de grands succès à l'époque, n'étant plus beaucoup lus aujourd'hui.

De l'Allemagne reste un livre qui n'a pas pris beaucoup de rides, malgré ses plus de 200 ans d'âge, car on peut dire que Madame de Staël est parvenue, avec des traits de génie, à caractériser de manière étonnante et vraie, et en temps réel, au temps même de la production de la littérature classique de ce pays, un grand espace littéraire et intellectuel à l'époque presque inexploré comme l'était l'Allemagne, avec sa littérature, ses auteurs, ses traditions, sa philosophie, sa sensibilité, et on reste abasourdi, à la lecture de cet ensemble, par la justesse de la plupart des jugements qu'elle porte sur ce pays et sur ses œuvres.

Certes, le livre n'est pas exempt de clichés, ou d'images qui sont devenues des clichés après elle, mais comment ne pas reconnaître qu'ils ont une certaine vérité ? Dès les premières pages qui ouvrent le livre, on voit la voyageuse se promener à travers un pays couvert de forêts, où apparaît un débris de château sur le haut d'une montagne. N'est-ce pas, aujourd'hui encore, l'image que donne l'Allemagne, dès qu'on a quitté les centres urbains et les agglomérations de villes industrielles ? Connaissant bien l'Allemagne, je peux le confirmer, quel que soit le degré d'industrialisation du pays :

« L'Allemagne offre encore quelques traces d'une nature non habitée. Depuis les Alpes jusqu'à la mer, entre le Rhin et le Danube, vous voyez un pays couvert de chênes et de sapins, traversé par des fleuves d'une imposante beauté et coupé par des montagnes dont l'aspect est très pittoresque.

« Les débris des châteaux forts qu'on aperçoit sur le haut des montagnes, les maisons bâties de terre, les fenêtres étroites, les neiges qui, pendant l'hiver, couvrent des plaines à perte de vue, causent une impression pénible. Je ne sais quoi de silencieux dans la nature et dans les hommes resserre d'abord le cœur […][19] »

Madame de Staël regrette la « division de l'Allemagne, funeste à sa force politique[20] », notation qui explique l'animosité de Napoléon, qui préférait une Allemagne divisée en principautés, qu'il lui était plus facile de soumettre.

Elle note très bien la « poésie de l'âme, qui caractérise les Allemands[21] », tout en mettant le génie en relation avec le climat, faisant du nord brumeux le lieu où l'intellect se développe par prédilection :

« On trouve, non loin de la Baltique, les plus beaux établissements, les savants et les hommes de lettres les plus distingués [elle pense à Kant, bien sûr], et depuis Weimar jusqu'à Koenigsberg, depuis Koenigsberg jusqu'à Copenhague, les brouillards et les frimas semblent l'élément naturel des hommes d'une imagination forte et profonde[22]. »

Encore un cliché, quand elle arrive dans ce qu'elle appelle l'Allemagne du Nord :

« Les premières impressions qu'on reçoit en arrivant dans le nord de l'Allemagne, surtout au milieu de l'hiver, sont extrêmement tristes. […] Les campagnes désertes, les maisons noircies par la fumée, les églises gothiques semblent préparées pour les contes de sorcières et de revenants[23]. »

On croit voir un paysage pour conte de Grimm, avec les deux enfants Hansel et Gretel qui s'approchent de la dangereuse maison de la sorcière. Dans un tel environnement, l'éblouissement de Weimar n'en sera que plus grand.

Madame de Staël en vient à parler de Weimar, qui l'a fascinée, et qu'elle appelle « l'Athènes de l'Allemagne[24] ». Bien que « le séjour des petites villes » lui ait « toujours paru très ennuyeux », elle n'a pas ressenti ce sentiment, cette gêne, à Weimar, qui « n'était pas une petite ville, mais un grand château ». « De toutes les principautés d'Allemagne, il n'en est point qui fasse mieux sentir que Weimar les avantages d'un petit pays quand son chef est un homme de beaucoup d'esprit, et qu'au milieu de ses sujets il peut chercher à plaire sans cesser d'être obéi[25]. »

Berlin lui donne ensuite l'image d'une ville très moderne, où les bâtiments ont tous l'âge de son souverain, le roi de Prusse, et qui est le « foyer des lumières ». Sa caractérisation du Berlin qu'elle a connu, à une époque où y vivait une importante communauté de Français huguenots, est pertinente : « La liberté de la presse, la réunion des hommes d'esprit, la connaissance de la littérature et de la langue allemandes, qui s'était généralement répandue dans les derniers temps, faisaient de Berlin la vraie capitale de l'Allemagne nouvelle, de l'Allemagne éclairée[26]. »

Mais c'est dans sa deuxième partie, « La littérature et les arts », que l'ouvrage de Madame de Staël a exercé sa plus grande et plus profonde influence en France, car il faisait découvrir au public français une culture et une littérature presque inconnue, incomprise, non seulement à cause de la langue allemande qui n'était pas beaucoup parlée et apprise en France, mais aussi à cause de la difficulté inhérente à la compréhension de cette culture si différente de la nôtre. En outre, comme le dit très bien Madame de Staël dans son introduction, la littérature allemande n'existait vraiment, à l'époque où elle écrivait (1810) que depuis quarante à cinquante ans[27], c'est-à-dire depuis Lessing et Goethe. Précédemment, il n'y avait rien, ou peu de choses que l'on puisse regarder comme important.

Madame de Staël considère donc comme de son devoir, elle qui a étudié de près et rencontré tous ces nouveaux auteurs et cette littérature foisonnante, de donner aux Français le goût de la découvrir, de la lire, et peut-être même de l'imiter. Consciemment ou pas, elle a contribué à donner un retentissement à des œuvres emblématiques, à des thèmes littéraires et des courants très présents dans la littérature allemande mais peu traités ou inexistants en France, je pense par exemple à la nostalgie du Moyen Âge que l'on trouve dans de nombreuses œuvres allemandes et qui va apparaître en France avec le romantisme (Nerval par exemple, et bien sûr Victor Hugo avec Notre-Dame de Paris).

Madame de Staël brosse un véritable tableau de la littérature de son temps, tout en exerçant une activité de critique littéraire, car elle ne se contente pas de présenter les œuvres, mais en donne à chaque fois son interprétation, un jugement, une appréciation. Elle commence par Wieland, qui vivait encore quand elle s'est rendue à Weimar et qu'elle a donc rencontré. Elle passe ensuite à Klopstock, et ses descriptions de son poème épique La Messiade sont fort évocatrices : « Lorsqu'on commence ce poème, on croit entrer dans une grande église, au milieu de laquelle un orgue se fait entendre, et l'attendrissement, et le recueillement que les temples du Seigneur inspirent, s'emparent de l'âme en lisant la Messiade[28]. » Elle parvient ensuite à Lessing et Winckelmann, les deux grands précurseurs ou fondateurs du classicisme allemand. De Lessing, elle étudiera un peu plus loin les grandes œuvres dramatiques comme Nathan le Sage ou Emilia Galotti[29], mais elle évoque tout d'abord surtout son activité de critique de la dramaturgie. Ce fait même, ce courage qu'il a eu de critiquer un auteur incontournable comme Racine, est pour Mme de Staël un grand mérite en soi[30]. Quant à Winckelmann, elle considère qu'il a fait une « véritable révolution[31] » en Allemagne, dans la manière de considérer les arts et la littérature, en prônant l'imitation des Anciens.

De Goethe, elle donne une caractérisation très juste. Il « ne perd jamais terre, tout en atteignant aux conceptions les plus sublimes ». Goethe « pourrait représenter la littérature allemande tout entière, non qu'il n'y ait d'autres écrivains supérieurs à lui sous quelques rapports ; mais seul il réunit tout ce qui distingue l'esprit allemand[32] ». Madame de Staël a bien observé le génie des lettres allemandes quand elle était à Weimar et le décrit à merveille :

« Quand il s'agit de penser, rien ne l'arrête, ni son siècle, ni ses habitudes, ni ses relations; il fait tomber à plomb son regard d'aigle sur les objets qu'il observe […] Il dispose du monde poétique comme un conquérant du monde réel, et se croit assez fort pour introduire comme la nature le génie destructeur dans ses propres ouvrages[33]. »

De Schiller, Madame de Staël raconte une anecdote étonnante. Elle l'a rencontré en présence du duc et de la duchesse de Weimar. Il lisait très bien le français mais ne l'avait jamais parlé, il n'en avait aucune pratique. Madame de Staël tenta de lui prouver la supériorité du système dramatique français sur les autres. « Il ne refusa point à me combattre, et sans s'inquiéter des difficultés et des lenteurs qu'il éprouvait en s'exprimant en français, sans redouter non plus l'opinion des auditeurs, qui était contraire à la sienne, la conviction intime le fit parler[34]. » Madame de Staël fut si impressionnée par les arguments que Schiller parvenait à exprimer avec le peu de mots dont il disposait, qu'elle lui voua « dès cet instant une amitié pleine d'admiration[35] ».

Madame de Staël s'attarde ensuite sur « le style et la versification » dans la langue allemande, affirmant que la langue allemande avait, dans sa structure et sa grammaire, une parenté avec la langue grecque, sans en avoir le charme à cause de ses nombreuses consonnes[36], et notant que la versification allemande avait le plus de ressemblance avec la versification grecque et latine, par son alternance entre syllabes longues ou brèves, accentuées et non accentuées, ce que n'a pas la langue française[37]. Elle ne connaissait probablement pas encore la poésie russe.

Ses réflexions sur le vers et sur la poésie introduisent à un chapitre sur « la poésie classique et la poésie romantique », où Mme de Staël, prend clairement parti pour ce mot à la mode, le romantisme, « introduit nouvellement en Allemagne », cette nouvelle tendance littéraire ou école, qui désigne la poésie « dont les chants des troubadours ont été l'origine, celle qui est née de la chevalerie et du christianisme[38] ». Elle s'explique sur la différence entre les deux écoles, considérant que la poésie classique est celle des Anciens, ou de l'imitation des Anciens, et voyant donc dans la nation française, « la plus cultivée des nations latines », celle qui penche vers la poésie classique imitée des Grecs et des Romains, tandis que la nation anglaise, « la plus illustre des nations germaniques », « aime la poésie romantique et chevaleresque, et se glorifie des chefs-d'œuvre qu'elle possède en ce genre[39] ». Elle en conclut qu'il « n'y a guère de poésie classique en Allemagne[40] » et donne plusieurs exemples de poèmes épiques allemands, l'Obéron de Wieland, ou la Messiade de Klopstock inspirés par des histoires de chevalerie ou par l'histoire du Christ, et aussi le poème Hermann de Klopstock, à la gloire d'Arminius, que Mme de Staël donne dans sa traduction[41].

Mais là où Mme de Staël commence à être époustouflante par son érudition et son enthousiasme communicatif, c'est quand elle nous parle de la poésie allemande de ses contemporains, celle qui était en train de naître ou venait de naître presque sous ses yeux, pendant qu'elle était à Weimar. Elle cite tout d'abord La Cloche de Schiller, dont elle admire « les strophes en petits vers et composées de mots dont le son bizarre et précipité semble faire entendre les coups redoublés et les pas rapides des ouvriers qui dirigent la lave brûlante de l'airain[42] », puis les élégies de Goethe, notamment La Bayadère, où l'héroïne se précipite par amour dans un bûcher, et surtout Le Pêcheur, dont on se souvient qu'elle l'avait traduit et qu'elle avait présenté ses essais de traduction à Goethe. Mais elle aime particulièrement L'Apprenti sorcier de Goethe[43], qui lui permet d'introduire à « la source inépuisable des effets poétiques en Allemagne, la terreur : les revenants et les sorciers plaisent au peuple comme aux hommes éclairés[44] ». Plus que tout autre, c'est Burger qui la fascine avec sa célèbre ballade Lenore, où une jeune femme est emmenée par un chevalier qu'elle croyait mort à la guerre, et qui vient la chercher sur son cheval, mais l'emmène avec lui dans sa tombe : « L'énergie avec laquelle le chevalier hâte sa course, cette pétulance de la mort cause un trouble inexprimable ; et l'on se croit emporté par le fantôme, comme la malheureuse qu'il entraîne avec lui dans l'abîme[45]. » Avec ces descriptions, toutes les images d'Épinal de l'Allemagne du XIXe siècle, les chevaliers, les sorciers et les sorcières, le royaume de la nuit, les chevauchées mortelles comme celle du « roi des Aulnes » de Goethe, toutes les représentations du romantisme allemand avec ses châteaux et ses Loreleys maléfiques à la chevelure blonde, vont s'ancrer dans la conscience des Français et fonder une image durable de l'Allemagne empreinte de clichés. Cette image de l'Allemagne s'effondrera après 1870 ou se superposera à celle du casque à pointe plus maléfique que les chevelures des sorcières.

Dans les chapitres suivants, Madame de Staël s'attache à présenter et à décrire l'art dramatique allemand, le théâtre allemand depuis Lessing, et là encore, elle est étonnante dans son érudition et dans ses capacités de synthèse. Elle n'hésite pas à critiquer le théâtre classique français, comme le faisait d'ailleurs Lessing dans sa Dramaturgie de Hambourg, estimant que la versification et en particulier « la pompe de l'alexandrin » étaient « un obstacle à tout changement dans la forme et le fond des tragédies françaises[46] », et proposant de renouveler les sujets traités : « Car si l'on s'en tient exclusivement à ces copies toujours plus pâles des mêmes chefs-d'œuvre, on finira par ne plus voir au théâtre que des marionnettes héroïques, sacrifiant l'amour au devoir, préférant la mort à l'esclavage, inspirées par l'antithèse dans leurs actions comme dans leurs paroles, mais sans aucun rapport avec cette étonnante créature qu'on appelle l'homme, avec la destinée redoutable qui tour à tour l'entraîne et le poursuit[47]. » Je souligne cette dernière phrase car elle montre, au-delà des goûts artistiques de Madame de Staël, sa préoccupation presque anthropologique pour la nature et le destin de l'homme qui doivent être l'objet de l'étude des auteurs de théâtre. Tout en se gardant de vouloir donner un « exemple » à imiter, elle donne des conseils aux littérateurs français, qui seront particulièrement écoutés au cours du XIXe siècle :

« Mais des combinaisons étrangères peuvent exciter des idées nouvelles ; et quand on voit de quelle stérilité notre littérature est menacée, il me paraît difficile de ne pas désirer que nos écrivains reculent un peu les bornes de la carrière : ne feraient-ils pas bien de devenir à leur tour conquérants dans l'empire de l'imagination ? Il n'en doit guère coûter à des Français pour suivre un semblable conseil[48]. »

Présentant Lessing au lecteur français, elle apprécie la pièce Nathan le Sage mais lui reproche d'être un pur théâtre d'idées, un apologue philosophique :

« Le but philosophique vers lequel tend toute la pièce en diminue l'intérêt au théâtre ; il est presque impossible qu'il n'y ait pas une certaine froideur dans un drame qui a pour objet de développer une idée générale, quelque belle qu'elle soit[49] ».

Elle passe ensuite à Schiller, en présentant Les Brigands puis Don Carlos, ensuite la trilogie de Wallenstein. Elle avait vu à Weimar une représentation du Camp de Wallenstein, mais elle connaît surtout l'adaptation qu'en a tirée Benjamin Constant, sous le titre Wallstein. Puis elle étudie, pleine d'admiration, la Jeanne d'Arc de Schiller, qui s'appelle plus exactement La Pucelle d'Orléans, regrettant au passage, à propos de la rencontre entre le duc de Bourgogne et Jeanne, où celle-ci parvient à l'émouvoir aux larmes, « que ce ne soit pas un Français qui ait conçu cette scène[50] ». Elle s'attarde ensuite sur Guillaume Tell, avant de passer à Goethe : tout d'abord les pièces de jeunesse Götz von Berlichingen et Egmont, ensuite Iphigénie en Tauride, « chef-d'œuvre de la poésie classique chez les Allemands[51] », présentant Iphigénie sur les côtes de la Crimée, où « elle ne cesse point de regretter les belles contrées où se passa son enfance », et où l'on voit que Madame de Staël n'a pas de mal à s'identifier à l'héroïne : « En effet, l'exil, et l'exil loin de la Grèce, pouvait-il permettre aucune jouissance que celle que l'on trouve en soi-même[52] ! »

Enfin, elle en vient à Faust, encore inconnu en France (il sera traduit plus tard par Nerval), dont elle présente d'ailleurs en traduction de nombreux extraits. Son appréciation est particulièrement pertinente : « Le diable est le héros de cette pièce ; l'auteur ne l'a point conçu comme un fantôme hideux, tel qu'on a coutume de le représenter aux enfants ; il en a fait, si l'on peut s'exprimer ainsi, le méchant par excellence. Il y a dans les discours de Méphistophélès une ironie infernale qui porte sur la création tout entière, et juge l'univers comme un mauvais livre dont le diable se fait le censeur[53]. »

Après avoir présenté l'œuvre, elle s'exclame : « Il est impossible de lire Faust sans qu'il excite la pensée de mille manières différentes. […] Quand un génie tel que celui de Goethe s'affranchit de toutes les entraves, la foule de ses pensées est si grande, que de toutes parts elles dépassent et renversent les bornes de l'art[54]. »

Je ne présenterai pas ici les chapitres de De l'Allemagne consacrés à la philosophie allemande, de Kant à Jacobi (mais où elle ne connaît pas encore la pensée de Hegel), je me contenterai juste de remarquer que Madame de Staël avait une bonne connaissance de la galerie de tableaux de Dresde, un des plus beaux musées des beaux-arts de l'époque en Europe, où elle a admiré en particulier cette Madone sixtine de Raphaël, que deux enfants contemplent, une véritable icône de Dresde (t. II, chap. XXXII, « Des beaux-arts en Allemagne », p. 80-81).

 

Le livre de Madame de Staël a eu dès sa parution un retentissement considérable. Il a été lu dans toute l'Europe cultivée, a bénéficié de recensions et d'articles critiques. Charles de Villers lui a consacré un article dans une revue savante de Göttingen[55] puis une préface à la réédition Brockhaus de 1823[56]. Sa critique est élogieuse, sur la justesse du contenu comme sur le charme de son style : « Madame de Staël y a mis et son esprit si brillant, et son étonnante pénétration, mais elle semble l'avoir écrit avec son âme. Elle a pénétré avec une entière clarté dans la pensée et dans l'imagination germaniques, si étrangères et si inaccessibles à toute tête française… Ce que Madame de Staël a si parfaitement compris, elle l'a exprimé avec l'éloquence, la finesse et le charme qui accompagnent son style[57]. »

Le livre de Madame de Staël sera en général très apprécié en Allemagne. Karl-Ludwig von Knebel écrit : « Madame de Staël considère et critique les ouvrages de nos écrivains selon son esprit, bien qu'elle le juge parfois selon des valeurs trop françaises[58]. » Goethe, même s'il était irrité par la volubilité de Mme de Staël, reconnaîtra les mérites de l'ouvrage : « Son ouvrage sur l'Allemagne, résultat de conversations familières, doit être considéré comme une arme puissante qui fit la première brèche dans la muraille de Chine d'antiques préjugés qui nous séparaient de la France, de sorte qu'on prit connaissance de nous de l'autre côté de la Manche, ce par quoi nous ne pouvions manquer de gagner une vive influence sur l'extrême Occident[59]. »

Dans une lettre à Knebel, il précise : « Nous autres Allemands, nous ne nous serions pas facilement résumés nous-mêmes, comme on le fait dans cet ouvrage de Schlegel-Staël[60] », indiquant par là qu'il reconnaissait non seulement la « patte », mais bien les idées d'August Wilhelm Schlegel dans de nombreux développements de Mme de Staël. On se rappelle en effet qu'elle avait convaincu Schlegel de l'accompagner à son départ de Berlin, et il l'a indéniablement aidée à se débrouiller dans l'univers des lettres allemandes.

Finalement, c'est bien à Mme de Staël et à De l'Allemagne que Goethe doit la plus grande partie de sa renommée européenne.

Marc Sagnol



[1] Goethe, Correspondance (lettre à Schiller), cité par Jean-François Fouquet, « Madame de Staël à Weimar », Weimar 2019.

[2] Voir Simone Balayé, Les Carnets de voyage de Madame de Staël. Contribution à la genèse de ses œuvres, Droz, Genève 1971, p. 21.

[3] Voir le récit de cette rencontre dans Monique Bernard, Charles de Villers. De Boulay à Göttingen, éd. des Paraiges, Metz, 2016, p. 159-174.

[4] Madame de Staël, Journal sur l'Allemagne, Francfort, le 15 nov. 1803, dans Simone Balayé, Les Carnets de voyage…, op. cit. p. 28-29. Notons que ce qu'elle appelle la « rive française » du fleuve se trouve à Mayence.

[5] Ibid. « Weimar », p. 69-70.

[6] Voir ibid. p. 81.

[7]  Goethe, Annales, dans Écrits autobiographiques, 1789-1815, éd. par Jacques Le Rider, Bartillat, 2001, p. 133.

[8] Duc de Rovigo, lettre à Madame de Staël du 3 octobre 1810, citée dans la préface à De l'Allemagne, édition Garnier Flammarion 1968, t. 1, p. 39.

[9] Mme de Staël, Préface, ibid., p. 38.

[10] Madame de Staël, Dix années d'exil (1821), chap. XI, dans Claude de Grève (éd.), Le voyage en Russie, Robert Laffont, 1996, p. 679.

[11] Madame de Staël, Les Carnets de voyage, op. cit. p. 285.

[12] Ibid., p. 292

[13] Ibid.

[14] Ibid., p. 293.

[15] Ibid., p. 294.

[16] Ibid., p. 296. (Sur le monument : «  Petro primo Catharina Secunda »)

[17] Les Carnets de voyage, p. 303.

[18] N. Glinka, Notes sur l'année 1812, cité ibid., p. 303.

[19] Madame de Staël, De l'Allemagne, t. 1, chap. 1er, « De l'aspect de l'Allemagne », p. 51-52.

[20] Ibid., chap. II, « Des mœurs et du caractère des Allemands », p. 55

[21] Ibid., p. 58.

[22] Ibid., chap. V, « De l'Allemagne méridionale », p. 75.

[23] Ibid., chap. XIII, « De l'Allemagne du Nord », p. 115-116. Notons que quand Mme de Staël parle du nord de l'Allemagne, elle parle surtout de la route passant par Francfort, Weimar et Berlin. Quand elle parle du sud, elle pense surtout à l'Autriche : « Dans le Midi de l'Allemagne, à Vienne surtout… », t. II, p. 18.

[24] Ibid., chap. XV, « Weimar », p. 125

[25] Ibid., p. 123

[26] Ibid., chap. XVII, « Berlin », p. 135.

[27] Ibid., Seconde partie, « Pourquoi les Français ne rendent-ils pas justice à la littérature allemande ? », p. 159.

[28] Ibid., chap. V, « Klopstock », p. 179.

[29] Ibid., chap. XVI, « Des drames de Lessing », p. 261-266.

[30] Ibid., chap. VI, « Lessing et Winckelmann », p. 184.

[31] Ibid. p. 185

[32] Ibid., chap. VII, « Goethe », p. 190.

[33] Ibid., p. 191.

[34] Ibid., chap. VIII, « Schiller », p. 195.

[35] Ibid.

[36] Ibid., chap. IX, « Du style et de la versification », p. 198.

[37] Ibid., p. 200.

[38] Ibid., chap. XI, « De la poésie classique et de la poésie romantique », p. 211.

[39] Ibid., p. 212.

[40] Ibid., chap. XII, « Des poèmes allemands », p. 215.

[41] Klopstock, « Hermann, chanté par les bardes Werdomar, Kerding et Darmond », cité ibid., p. 221-224.

[42] Madame de Staël, ibid., chap. XIII, « De la poésie allemande » p. 232.

[43] Madame de Staël, ibid., ch. XIII, p. 237.

[44] Ibid., p. 237-238. (En France, ce poème est surtout connu par le poème symphonique qu'en a tiré Paul Dukas.)

[45] Ibid. p. 239.

[46] Ibid., chap. XV, « De l'art dramatique », p. 256. Concernant la discussion sur la tragédie française dans l'esthétique allemande, nous nous permettons de renvoyer à notre article : « La correspondance entre Lessing, Nicolai et Mendessohn sur la tragédie », Études Germaniques 67 (2012) n° 2, p. 259-284.

[47] Ibid., p. 259 (souligné par moi, M.S.)

[48] Ibid.

[49] Ibid., chap. XVI, « Les drames de Lessing », p. 265.

[50] Ibid., chap. XIX, « Jeanne d'Arc et la Fiancée de Messine », p. 306.

[51] Ibid., chap. XXII, « Iphigénie en Tauride, Torquato Tasso, etc. », p. 333.

[52] Ibid., p. 334.

[53] Ibid., chap. XXIII, « Faust », p. 343-344.

[54] Ibid., p. 367.

[55] Charles de Villers, dans Göttingische Gelehrte Anzeigen, 1814, t. I, p. 329-342, cité par Ian Allan Henning, L'Allemagne de Madame de Staël et la polémique romantique, Paris 1929, réédition Genève 1975, p. 207 sqq.

[56] Madame de Staël, De l'Allemagne, éd. Brockhaus, Paris 1823, Introduction de Charles de Villers.

[57] Charles de Villers, Introduction à De l'Allemagne, p. LXIII- LXIV, cité par Henning, op. cit., p. 215

[58] Karl-Ludwig von Knebel, Literarischer Nachlass, cité par Henning, ibid. p. 237.

[59] Goethe, Écrits autobiographiques, op. cit. p. 134. Voir Henning, op. cit., p. 254.

[60] Goethe, lettre à Knebel du 18 mai 1814, Briefwechsel, cité par Henning, op. cit., p. 249.

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